Le retour des agoudas, descendants d'esclavagistes et anciens esclaves du Brésil vers l'Afrique
L'installation, en 1822, d'une centaine d'anciens esclaves américains en Afrique occidentale, sur la côte de Malaguette, actuellement appelée Liberia, est généralement connue par tous, mais le retour de ceux du Brésil, qui se sont éparpillés dans les actuels pays du Togo, du Ghana et du Nigeria, est très peu abordé.
Nous avons collecté différentes études et articles sur ce pan d'histoire très significatif quant aux relations triangulaires ayant eu lieu entre l'Afrique (particulièrement les anciens royaumes Yoruba, Oyo et du Bénin), le Portugal et le Brésil.
Cette communauté est désignée sou le nom d'Afro-Brésiliens ou Agoudas. Composée de descendants métissés d’anciens marchands d'esclaves portugais ou brésiliens ainsi que de descendants d’anciens esclaves africains revenus du Brésil à partir de 1835. ils portent des patronymes à consonance portugaise/brésilienne : da Costa, da Silva, de Souza, Paraïso, d’Almeida.
La plupart ayant exercé des métiers artisanaux au Brésil, ils ont rapidement formé une classe sociale aisée dans les villes du retour de la côte ouest de l'Afrique et ont créé une architecture appelée afro-brésilienne au sujet desquels les experts s'interrogent encore quant à leurs véritables origines.
Voici l'article de Femi Oyebode, Docteur et enseignant en psychiatrie à l'université de Birmingham, dont nous traduirons quelques paragraphes :
Les Brésiliens de Lagos
Candido Esan da Rocha était l’homme le plus riche de Lagos (Nigeria) lorsque j’étais enfant. Non, je plaisante : lorsque ma mère était une petite fille. […] Candido vivait à Water House (la maison de l’eau) à Kakawa. Il avait construit un réseau de canalisations amenant l’eau vers sa résidence sur l’ïle de Lagos et depuis Iju et il vendait cette eau aux habitants de la ville. Son père, Joao Esan da Rocha avait été capturé très jeune en 1850 et vendu en esclavage en direction du Salvador, Etat de Bahia au Brésil. Il est revenu à Lagos dans les années 1870. La mère de Candido s’appelait Angelica Josephina da Rocha.
Il est difficile d’imaginer qu’aujourd’hui, 10 % de la population de la ville de Lagos est d’origine brésilienne. Des familles comme les Joaquim, Vera Cruz, Soare, Trezises, Pereira, Pineirho, Martinez, Marinho faisaient partie de la haute société. Ils étaient des artisans, des gens éduqués et riches en plus. Leurs maisons dans les quartiers de Campos Square, Igbosere, Tinubu square, construites dans un style colonial portugais, étaient imposantes. […]
Les guerres entre les Yorubas dans les années 1800, au cours desquelles les armées Ibadan se battaient contre les armées Ekiti Parapo (Etats Ekiti et Ijesha) eurent comme conséquences de nombreux prisonniers de guerres et autres captifs vendus en esclavage. A cette époque, le commerce des esclaves vers le Nouveau Monde anglophone avait pris fin mais les bateaux portugais continuaient la traite des esclaves à travers l’Atlantique. De ce fait nombre de Yoruba et Nago se retrouvèrent au Brésil et particulièrement au Salvador dans l’Etat de Bahia. Joao Esan da Rocha était l’un de ceux-là, un Ijesha qui avait aussi mis le pied dans le Nouveau Monde.
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Lagos - Depuis sa maison aux murs pastels délavés du quartier de Campos, en plein coeur de Lagos, Yewande Oyediran est une des dernières garantes de la culture brésilienne ramenée par les anci...
https://www.lexpress.fr/styles/lagos-tourne-le-dos-a-son-passe-afro-bresilien_1773764.html
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