Arts et scandales dans l'histoire
L'imagination et le talent des artistes ont de tous temps suscité des interprétations contradictoires allant de la haine à l'admiration béate. Le plus surprenant vient certainement de certains artistes peintres proches des organisations religieuses, reconnus pour leurs extrêmes dextérités, mais dont l'imagination semble excessive et échappant à l'ordre établi.
Le repas chez Levi, peint par Paolo Caliari, dit Veronese en 1573, lui a été commandé à Venise pour le réfectoire du couvent de San Zanipolo (San Giovanni e Paolo)
L'artiste fut accusé d'hérésie par le tribunal de l'Inquisition. Pressé de rectifier cette oeuvre, Véronèse n'en changea que le titre.
Le Jugement dernier a été commandé par le Pape Clément VIIle (Jules de Médicis). Michel-Ange travailla durant six ans sur cette oeuvre.
1er novembre 1541, derrière l’autel de la Chapelle Sixtine, la fresque est inaugurée par le pape Paul III. Mais l’œuvre, de Michelangelo Buonarroti, dit Michel-Ange, provoque un véritable scandale. La nudité des personnages, hommes et anges (plus de 300) dépourvus même d'une feuille de vigne soulève les plus vives critiques. Ils ont été recouverts, plus tard de draperies peintes.
Encore de nos jours, Michel-Ange provoque la réprobation de certains. Des photos de la statue de "David", réalisée par Michel-Ange au début du XVIe siècle et représentant le personnage de la Bible nu, ont été la cause de la démission forcée d'une enseignante aux Etats-Unis, en 2023.
Le quotidien italien Republica s'est offusqué de cette prise de position en précisant que "le génie de la Renaissance", Michel-Ange aurait été qualifié de "pervers pornographique" s’il vivait à notre époque.
Eugene Delacroix fut également considéré comme étant l'artiste des scandales. La Mort de Sardanapale déchaîna les passions en raison de sa violence sanglante. La Liberté guidant le peuple, dont l'héroïne au teint hâlé brandit hardiment sa masculinité est loin de faire l'unanimité. «C’est la plus ignoble des courtisanes des plus sales rues de Paris», lit-on dans la presse. La violence
Charles Baudelaire sera seul à l'encenser lors du Salon de 1845. Delacroix, dit-il, « est décidément le peintre le plus original des temps anciens et des temps modernes…
Plus proches de nous, Edouard Manet subit également de lourdes critiques. La lumière froide et la réalité dure de ses oeuvres ne satisfaisait pas les élans de romantisme de ses contemporains.
Emile Zola fut l'un des rares à reconnaître son immense talent « Vous avez admirablement réussi à faire une œuvre de peintre, de grand peintre [...] à traduire énergiquement et dans un langage particulier les vérités de la lumière et de l’ombre, les réalités des objets et des créatures »,
Enfin, enfin, venons-en à Renée Cox, artiste jamaïcaine :
"La première reprise contemporaine de la Cène de Vinci que je montre et analyse est une photographie de l’artiste Renée Cox, américaine d’origine jamaïcaine, intitulée Yo Mama's Last Supper.
Cette œuvre de 1996 , exposée en février 2001 dans le cadre d’une exposition de 94 « photographes noirs » au Brooklyn Museum of Art de New York , a fait l’objet d’une vive polémique entre l’artiste, soutenue par les organisateurs de l’exposition, et le maire de New York, Rudy Giuliani."
Cette réflexion a été publiée dans le revue Médium (Régis Debray éd.), n°6, janvier-mars 2006, Paris, éditions Babylone, pp. 100-114, puis republiée sur le site web "Protestantisme et images" cité ci-dessous.
Les reprises de la Cène de Vinci dans l'art et la publicité.
Cette réflexion a été publiée dans le revue Médium (Régis Debray éd.), n°6, janvier-mars 2006, Paris, éditions Babylone, pp. 100-114.
https://www.protestantismeetimages.com/Les-reprises-de-la-Cene-de-Vinci.html