La Martinique et l'illusion de l'indépendance !
La Martinique, comme d’autres départements d'Outre-mer, entretient une relation complexe avec la France. Cette relation, marquée par des débats identitaires et statutaires sans fin, mérite d'être examinée à la lumière des engagements financiers de la France envers notre île. En effet, la contribution nationale est substantielle et rend l'hypothèse d’une séparation non seulement dangereuse, mais illusoire. Elle se manifeste principalement par deux types de dépenses : les dépenses budgétaires et les dépenses fiscales, c’est-à-dire les recettes que la France consent à ne pas encaisser.
- Les dépenses budgétaires s'élèvent à 6,8 milliards d'euros, comprenant 2,8 milliards pour le budget de l'État, 3 milliards pour la Sécurité Sociale et 1 milliard pour les collectivités locales.
- Par ailleurs, les dépenses fiscales, c'est-à-dire les recettes que la France choisit de ne pas encaisser, atteignent 700 millions d'euros, soit 2 000 euros par habitant.
Cet engagement total représente 7,5 milliards d’euros, soit environ 21 400 euros par habitant, un montant équivalent au PIB de la Martinique. En revanche, l'État ne perçoit que 2,4 milliards d'euros de recettes martiniquaises, principalement sous forme de cotisations sociales et d'impôts nationaux, ce qui correspond à un “déficit net” de 4,4 milliards d’euros.
Mais ce n’est pas tout. Être français offre d’autres avantages non négligeables, tels que l'aide de l'Union Européenne, qui s'élève à 600 millions d'euros, le plan France Relance, doté de 260 millions d'euros, et la péréquation du coût de l’électricité pris en charge par la solidarité nationale. Ces fonds sont essentiels pour le développement de la Martinique. Sans eux, pas de routes, pas d’écoles, pas d’hôpitaux, pas d’aéroport…
Si la Martinique devait devenir indépendante, elle devrait trouver 4,4 milliards d'euros par an pour maintenir son niveau actuel de prestations publiques. Cela impliquerait non seulement une augmentation significative des recettes fiscales, mais aussi la multiplication du nombre des entreprises, la création d'une nouvelle monnaie et la perte de tous les avantages liés au passeport français.
Cette réalité des chiffres n’empêche pas les velléités séparatistes de s’exprimer çà et là, se nourrissant goulûment de mensonges et de démagogie. Elles s’autorisent toutes les dérives, toutes les tentations aventureuses et enferment le pays dans une dialectique arrogante du “yo dwè nou”. Elles nous campent dans des postures vaines, alors que la Martinique gagnerait à opter pour une coopération claire et respectueuse avec l'État dont elle est partie intégrante. Rappelons que les écarts de développement qui demeurent avec l’hexagone sont le résultat d'un héritage historique et infrastructurel ; bien qu’encore importants, ces écarts se réduisent peu à peu, heureusement. Mais au lieu de critiquer systématiquement l'État, peut-être serait-il plus productif de développer des relations constructives avec lui afin d’optimiser les ressources nationales, comme a su le faire par exemple la Corse pour la continuité territoriale ?
Contrairement aux discours identitaristes en vogue, l'engagement de la France envers la Martinique est essentiel pour son développement. Et cet engagement n’est que justice, car la Martinique est autant Française que la France est Martiniquaise. C’est bien cette double équation qui fonde l’unité républicaine dont nous devons nous prévaloir sans complexe, sans mépris, sans remord. Celles et ceux qui cultivent encore l’esprit de distanciation nationale prennent le risque de mettre le pays face à des défis insurmontables. Ils le conduisent dans une voie dangereuse. Peut-être est-il temps de prendre clairement l’autre chemin, celui de la République assumée ? Peut-être est-il temps de renforcer nos liens avec la France et de travailler ensemble, en confiance, pour un avenir prospère et stable ?