J'ai lu pour vous "Chronique d'un dialogue difficile" de Emmanuel de Reynal
Cette fois-ci, « J’ai lu pour vous » ne sera pas une analyse littéraire de la Chronique d’un dialogue difficile signée par Emmanuel de Reynal.
Le statut d’écrivain d’Emmanuel de Reynal n’est plus à prouver. Son palmarès s’étend maintenant sur sept œuvres et il a égalé et, sans aucun doute, dépassé par son style, par son humanisme, maintes œuvres de nos contemporains.
Il s’agira ici, d’une simple tribune dans laquelle je contiendrai au mieux mes sentiments de révolte et d’incompréhension, face à l’incongruité d’un contexte décrit dans cette chronique.
Je suis persuadée que des erreurs d’analyses sociétales se sont glissées à la base de l’organisation du tour des communes « Palépoutann », des erreurs qui ont vicié de façon systématique le déroulement de cette démarche pourtant noble par les espoirs qu’elle a suscités.
Il ne s’agit pas de contester une reconnaissance des bonnes volontés qui se sont manifestées pour faire de cet évènement une énième tentative de « réconciliation ».
Le premier élément choquant de cette organisation est le ciblage des acteurs ou participants et je demande mille excuses si j’ose m’introduire dans la biographie de ces acteurs.
Emmanuel de Reynal est, à lui seul ou presque, le représentant des descendants d’esclavagistes. Il porte à lui seul, la responsabilité de siècles de traite des noirs organisée par divers peuples allant des européens aux africains en passant par les orientaux musulmans.
Voici déjà une porte ouverte sur l’absurdité de l’évènement.
Emmanuel de Reynal, ainsi que de nombreuses personnes l’ont constaté, de par les interviews, les articles et les livres, est une personnalité qui s’est construite par l’unique force de sa volonté. Orphelin de père à un très jeune âge où la conscience de la mort est encore diffuse, où l’absence de cette figure primordiale et autoritaire est soudain remplacée par celles aimantes mais très accaparées d’une mère et d’une fratrie nombreuse projetées dans un quotidien devenu fébrile. Mais c’est sur lui que le destin s’obstine, pour une seule raison : blanc descendant d’esclavagistes blancs et pour lequel même la possibilité de la goutte de sang noir est d’emblée exclue. Mai oui, cheveux lisses, peau claire, nez pointu et grandes oreilles ! Un simple délit de faciès, quoi !
Voici une deuxième porte ouverte sur l’absurdité de l’évènement.
Cette manifestation organise un tour des communes afin de juger un crime contre l’humanité établi, reconnu, dont les acteurs n’existent plus mais dont les descendants sont toujours tenus responsables, sans tenir compte du déroulement historique des faits, de l’implication des Etats et des nations, ainsi que de leurs institutions, qu’ils soient africains ou européens ou d’ailleurs. Mais non, pour quoi faire ? Puisque les coupables sont là et ont été désignés par la vindicte populaire ?
Voici encore, une autre porte ouverte sur l’absurdité de l’évènement !
Le plus sidérant dans toute cette affaire et qui place l’absurde à son niveau maximal, est que nos intellectuels y trouvent toute leur place. On les entend parfois répliquer, au lieu du "Si ce n’est toi, c’est donc ton frère !" , référence aux fables de La Fontaine, ceci :
"Si certains « békés » se sont construits eux-mêmes c’est parce qu’ils ont bénéficié de la solidarité des banques ! "
Mais nous, descendants des lignées africaines (on en exclut, bien sûr, ceux qui n’ont plus les caractéristiques de cette acendance ! Toujours le jugement au faciès !) que faisons-nous pour construire cette solidarité ?
Deux livres, deux modes de communication, deux approches contextuelles. "Dialogue improbable" et "Chronique d'un dialogue difficile" démontrent les contradictions entre l'individu épris de tolérance, d'humanisme et un groupe d'appartenance imposant son diktat.
Toutes ces revendications anachroniques ne forment-elles pas des actualités qui masquent à dessein ou non, nos propres défaillances ? Il est si aisé de décortiquer les culpabilités des uns et des autres et de nous poser comme des individus exemplaires dont les épaules ne doivent porter aucune autre responsabilité que celle d’être né du "bon côté de la barrière entre noirs et blancs".
En lieu et place de ces tribunaux des tours de communes, pourquoi ne pas nous engager ensemble vers des actions positives concrétisant nos avenirs et ceux des générations plus jeunes et futures ?
Aurore Holmes
Quand un dialogue difficile dévoile ses coulisses... - Laisse-moi te dire
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